jeudi 15 septembre 2011

Formation Niveau II

Août 2011, Marseille
Atelier de la Mer


Une année après la fracture du continuum de mon existence, décrite dans ces mêmes colonnes (Première plongée), petit tour d’horizon d’une métamorphose bien plus réjouissante que celle de F. Kafka.


Initié en club de terre, dans le chlore et la profondeur abyssale des 2 mètres 20 de notre baignoire municipale, le début de saison fut formateur mais quelque peu frustrant. La rade de Marseille, en janvier, ajouta une teinte iodée et une nouvelle dimension à mon expérience. Mais ce fût la mer humide et froide d’avril qui me permit de valider mon premier niveau. À moi les grands espaces !!!


Grisé par le succès, me voilà de toutes les croisades. L’on me retrouve, tel Don Quichotte, partant à l’assaut des hordes barbares de Mérous au Lavandou. Traquant les poulpes géants de la côte méditerranéenne et inspirant le respect d’un Mola mola au large de l’île de Jarron. D’aucun raconte que l’on m’aurait croisé de nuit, dans une danse épique avec un lièvre de mer gigantesque et féroce.


C’est alors que, du haut d’une expérience à faire pâlir les plus grands noms de la plongée (4 mois et 15 plongées), sur les conseils de mon moniteur, je m’engageai dans ce qui devait être une semaine riche en émotions.




Rendez-vous est pris pour la semaine du 15 août. Le théâtre des opérations est une nouvelle fois fixé à La Pointe Rouge où je décide d’installer mon camp de base. Les conditions sont plus qu’idéales. Mer d’huile et températures élevées sont au programme. Pour ne rien gâcher, la visibilité sera excellente durant tout le séjour.


Cette campagne semble placée sous les meilleurs augures. Comme un clin d’œil au destin, la première immersion sera faite à la Pierre de Briançon, théâtre de mes débuts de plongeur en mer. Durant cinq jours les noms exotiques de contrées lointaines s’enchainent à un rythme effréné. J’écume la Pointe Caramassaigne, je pourfends l’Imperial du Milieu, je revisite le Grand Congloué et survol les Farillons. Mais point de temps pour la contemplation. L’objet de cette expédition est tout autre. Affublé de deux coreligionnaires et, accessoirement, d’un moniteur, nous enchainons la découverte de l’autonomie. Et, bien que fort sympathique, le formateur est une espèce benthique exigeante.


Nous voilà à prendre conscience de notre stabilité, aussi aboutie que celle d’un môme apprenant à marcher. Je réalise à quel point la mer est grande, lorsqu’il s’agit de retrouver le mouillage. Les remontées assistées, nombreuses, sont l’occasion d’identifier vraiment la forme et l’utilité des « petites bulles ». Et, plaisir jubilatoire, mon ordinateur enregistre aussi la profondeur en-dessous de vingt mètres.


Si je concevais cette formation de niveau 2 comme un passage obligé, j’en ressors avec beaucoup d’humilité. En premier lieu, au travers des nécessaires compétences à acquérir dans l’assistance à autrui, ce fût l’occasion d’apprendre beaucoup dans l’appréhension des sensations en milieu aquatique.


La plongée en autonomie s’est avérée d’une richesse insoupçonnée. En augmentant le nombre de paramètres, l’expérience s’enrichit d’autant de possibilités. Outre la nécessaire planification, l’indispensable prise de repères pour s’orienter nous transforme de spectateur en acteur de notre immersion. L’horizon s’élargit pour laisser place à un environnement grouillant de vie.


Et que dire de l’espace lointain. Lorsque ne persiste plus que le bleu de l’eau et le noir des abysses. Le monde du silence et des pélagiques. J’ai découvert un nouveau milieu, une autre façon de plonger, de nouvelles sensations. Et j’ai aimé ça. J’ai aimé ça pour cette expérience, mais aussi pour toutes celles que je ne connais pas encore et qu’il me reste à découvrir.


J’ai, depuis cette semaine d’août, fait mes premiers pas en palanquée autonome, avec ses bons et ses mauvais côtés, mais surtout, sa liberté. Une nouvelle incursion dans la grande bleue a confirmée ce que je pressentais, ce qui m’obsède jour et nuit, je suis définitivement accros. Mais quelle douce addiction…

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